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Investissement ou dépense passionnée ?

Acheter une montre, pour beaucoup, c’est matérialiser un rêve. Avec la moto Triumph, le voyage dans les îles, et le premier baisé volé à l’être convoité, s’offrir une montre est souvent l’aboutissement d’une réflexion intense.

 

On choisit une montre comme on choisit une femme, en renonçant aux autres. C’est un peu radical, pas forcément vrai, mais, quand on annonce à l’horloger, ce sera celle-là, le reste de la vitrine s’efface, il n’en reste plus qu’une, sans défauts, ajustée, parfaite.

 

Voilà comment élire un boitier plutôt qu’un autre, en sélectionnant, donc en ignorant toutes les intrigantes qui nous ont fait de l’œil pendant des mois, et qui doivent se résoudre à ne pas être élues. Finalement, celui qui n’a qu’une montre se simplifie la vie, il n’aura pas à contenter toutes celles qui sont enfermées dans sa boite, qui réclament un peu d’air et de lumière.

 

Puis il y a le collectionneur, qui amasse, qui compare, qui a la tête qui tourne pour tel modèle, tel cadrans, tel calibre, et qui ne sait choisir. Le collectionneur a le cœur large, il est capable d’aimer une multitude d’objets, qu’il entretien et conserve. Le collectionneur n’est pas un amoureux transi, plutôt un bon père de famille, qui veut donner à sa descendance toutes ses chances. Il leur trouve un foyer, les couve de regards inquiets, tremble pour les unes et les autres.

 

Puis, vient l’investisseur. Lui vit une relation un peu particulière avec les montres qui rejoignent son écurie. Cet éleveur se soucis du pédigrée, du millésime, et surtout des son ROI. Return on investment, la phrase est lâchée. Homme des chiffres, qui enferme boites, papiers, et montres au fond d’un coffre calcul la rapport somme initiale, prix de revente, coûts d’immobilisation. Du plaisir ? Point trop n’en faut.

 

Nous avons donc l’amoureux, le père de famille et l’éleveur. Notre morale nous pousse à préférer les deux premiers, à négliger le dernier, capitaliste patenté, vulgaire calculateur, matérialiste si peu inspiré… Et pourtant, dans cet écosystème bien particulier qu’est l’horlogerie, qui sommes-nous pour juger des qualités de tel ou tel acquéreur ? Car, sans les investisseurs, moins de modèles naîtraient, sans les collectionneurs moins d’histoires seraient racontées, et ceux qui ne rêvent que d’une montre seraient bien moins tentés…